

Séries de podcasts de la Preuve par 7Oct 14, 2022

Occupations intercalaires, transitoires et valeurs d’usages créées par leur utilité sociale : Pourrait-on « rebondir » en d’autres lieux, en emmenant avec soi la valeur d’usage créée ? | M. Ganilsy, G
Le 24 janvier dernier, soutenue par l'ANCT et France Tiers lieux, la Preuve par 7 accompagnée par Marc Ganilsy avocat, praticien expérimenté du conseil et de la contractualisation immobilière, qui suit de nombreux projets d’occupations plus ou moins transitoires, a animé un wébinaire pour interroger la manière dont la valeur d'usage créée dans le cadre d'occupations intercalaires peut être documentée, reconnue localement, puis valorisée. Gaspard Delanoë, figure historique des squats d’artistes et performeur qui a ouvert le 59 Rivoli et Kevin Albert, ouvreur de squat et membre du collectif des Petites Maisons étaient invités à échanger et témoigner de l’évolution du statuts des lieux qu’ils ont occupés sous forme de squat, dont certains ont été ensuite régularisés mais aussi des valeurs d’usages que ces occupations ont créées localement et de la manière dont elles ont pu être reconnues et essaimées dans d’autres lieux et auprès des institutions.
Entre nomadisme et sédentarité, des collectifs investissent des lieux inoccupés, espaces délaissés ou interstices spatio-temporels, parfois en attente de projets urbains et immobiliers, pour exercer leur activité, habiter, proposer des réponses parfois expérimentales aux enjeux sociétaux et aux besoins locaux. Au gré de l’occupation et des activités qui se développent, les occupantEs et les usagerEs génèrent une valeur que l’on pourrait qualifier d’usage par la transformation physique et symbolique des lieux, et par l’utilité sociale produite.
A mesure de la reconnaissance de cette valeur d’usage par les propriétaires, les éluEs, les voisinEs,, les modalités juridiques d'occupation temporaire de ces lieux peuvent progressivement évoluer, permettant de régulariser des situations qui ne l’étaient pas voire d’assurer un cadre juridique plus stable, ou d’intégrer la richesses des usages expérimentés dans des projets sur le temps long. Selon les outils juridiques mobilisés et la durée d’occupation accordée le projet peut changer de nature, s’éteindre, se déployer, se déplacer ou s’ancrer localement.
Et pour les projets amenés à changer de lieu, une réflexion s'amorce sur la manière dont la valeur d'usage créée peut être documentée, reconnue localement, puis valorisée autrement, de manière prolongée et amenée dans d'autres lieux - « rebondir », à travers un bail que l’on nommerait forain attaché aux occupantEs et non plus seulement aux lieux.
24 janvier 2023

« Habiter et réparer par l’usage notre patrimoine historique délaissé » | M. Drouet, J. Fournier, P. Chantereau et S. Givelet
Soutenue par l'ANCT et France Tiers lieux, la Preuve par 7 a animé un wébinaire sur la remise en usage progressive et la réappropriation par les usagerEs comme méthode participant à la restauration de nos patrimoines historiques délaissés. Il a réuni Marc Drouet (Directeur régional des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes), Jacques Fournier (conseiller municipal délégué au patrimoine à Billom), Paul Chantereau (architecte, collectif Rural Combo, Billom) et Simon Givelet (architecte, collectif Zerm, Roubaix) qui ont partagé leurs expériences de leur point de vue de représentant de l’État, d’élu et d’architectes permanents.
Aujourd'hui le territoire est parsemé de lieux vacants hérités d'un passé proche ou lointain, publics ou privés, communs ou extraordinaires, monuments historiques, vernaculaires, populaires et parfois sacrés. Parfois ces lieux délaissés sont inhabités depuis longtemps, passent inaperçus, ont perdu leur valeur. Certains d'ailleurs n'ont pas forcément vocation à perdurer, tandis que d'autres, monuments historiques par exemple, font l'objet de projets de restauration. Si en architecture, réhabiliter un bâtiment consiste à le remettre en état, à le réparer, réhabiliter dans le langage courant signifie « rendre à quelqu'un ses droits perdus et l'estime publique ». C'est aussi l'objectif de cette démarche que de rendre une valeur par l’usage aux espaces aujourd'hui délaissés, oubliés, malgré parfois, un brillant passé. Réinvestir, réhabiter, réhabiliter le patrimoine est un parti pris fort et participe de sa conservation et de sa valorisation. Remettre les lieux en usage, c'est en prendre soin mais aussi permettre leur adaptation aux attentes et aux besoins d’un territoire et de ses habitantEs.
A Billom et à Roubaix, des éluEs ont souhaité travailler différemment pour redonner vie à des bâtiments patrimoniaux inscrits au titre des monuments historiques. Ils soutiennent des collectifs d’architectes qui ont investi ces bâtiments patrimoniaux et les remettent en usage. Ces architectes défendent l’idée d’une occupation quotidienne, d’une remise en usage progressive et d’une réappropriation par les usagerEs comme méthode participant à la restauration du patrimoine. Et chacun de se heurter au faisceau de contraintes réglementaires, architecturales et techniques auxquels sont soumis les projets de réparation patrimoniale, qui se conjuguent mal à l’indéfinition d’un programme a priori, principe même de la programmation ouverte. Partageant les mêmes intentions de préservation du site, architectes, éluEs, technicienNEs de la Ville ou de l’État, travaillent à définir collectivement un cadre d’intervention pour remettre progressivement le patrimoine en usage par de menus travaux en parallèle de travaux de gros œuvre, dans l'anticipation de ce qui serait dans tous les cas nécessaire quelle qu’en soit la programmation future.
Dès lors, comment réussir le pari de la réversibilité de l’architecture dont nous héritons ? Comment faire la preuve que la programmation ouverte participe de manière très concrète à la restauration du patrimoine ? Comment révéler l’apport de la mise en usage pour « déjouer » le temps long des processus classiques de restauration patrimoniale ? Comment travailler avec les services déconcentrés des monuments historiques pour restaurer petit à petit ces bâtiments inscrits en l’occupant, par l’usage ?
Pendant ce wébinaire, des supports de présentation des projets de remise en usage menés à Billom et à Roubaix ont été diffusés.
5 mai 2023

Le fonctionnaire, le maçon et le chercheur
Fayadhuiddine Maanli, dit Faya, est maçon, formateur, et vice président de l’association Art.Terre Mayotte, l’association engagée dans la promotion de la brique de terre comprimée de Mayotte.
Avant d’être maçon et formateur, Faya a d’abord été fonctionnaire et directeur de l’équipe de football de Chiconi. En 1980 il quitte son poste de brigadier et entraîne des jeunes de Chiconi à Mamoudzou, qu’il accompagne pour se former aux métiers du bâtiment auprès des Compagnons du devoir…

Attila Cheyssial
Partie 1 : l’architecte et l’ethnologue, observer et étudier.
Partie 2 : l’architecte et les artisans : former et construire.
Partie 3 : l’architecte et les normes à déconstruire : expérimenter et renormer.
Depuis son arrivée à Mayotte à la fin des années 1970 et ses travaux d’étude de l’habitat et des constructions mahoraises avec l’anthropologue Jon Breslar, jusqu’à la fondation de l’agence Harappa avec Sylvia Frey et leurs recherches sur la construction de logements à bas coût à Mayotte, cet épisode est une conversation avec Attila Cheyssial qui raconte et analyse son expérience d’observateur, de formateur et de constructeur à Mayotte.

Chiconi, capitale de la culture ?
Construire des lieux pour la culture avec la mairie de Chiconi, avec Warda Halifa, cheffe de projet politique de la ville et développement des territoires.
Chiconi est une commune de 8000 habitant.e.s d’une richesse culturelle et artistique hors-normes : musicien.ne.s, artisans, associations culturelles et festivals y sont nombreux, mais les lieux aménagés et dédiés à ces pratiques se font plus rares. La Mairie de Chiconi, déterminée à ne pas être simple spectatrice de ce bouillonnement artistique, cherche à accompagner ces artistes et artisans, ces usages et ces pratiques culturelles, et notamment à leur procurer, construire et aménager des lieux dédiés, en dehors de la cellule familiale.

Une permanence architecturale pour un lycée particulier
Camille Abdourazak, architecte permanente de l’atelier Ya’hazi, pour co-architectes du lycée des métiers du bâtiment de Longoni
Le futur lycée des métiers du bâtiment de Longoni ne sera pas comme les autres, son chantier non plus. Conçu par Encore Heureux et Co-architectes, il s’appuie sur une permanence architecturale, avec deux architectes présentes en permanence sur le site. Elles ont balisé à l’aide d’œuvres d’art le futur périmètre du site, construit dès à présent un premier bâtiment, le faré, à l’emplacement de l’entrée du futur lycée.
Dans ce faré les deux permanentes elles, avec l’association Art-Terre, informent, enseignent, et animent des ateliers avec les habitant.e.s, les lycéen.ne.s, et les enfants.

À l’école de la permanence architecturale | Entretien avec Ariane Cohin
Ariane Cohin n’est pas encore diplômée en architecture lorsqu’elle rencontre l’agence Construire et Chloé Bodart, qui lui propose de devenir permanente architecturale. Huit mois durant, à St-Pierre des Corps, Ariane s’installe dans une caravane sur ce chantier de construction et de réhabilitation de bâtiments commerciaux en lieux de production artistiques pour le Polau et la compagnie Off. La permanence devient alors une école d’architecture alternative dont on peut saisir la cohérence des enseignements en dépliant le parcours d’Ariane Cohin, en amont lors de ses études, et en aval, dans ses expériences postérieures et la création, en 2015, de la Facto. Une association dont le travail de recherche et sur le terrain nourrira également la réflexion autour du chantier comme acte culturel.
Comment une étudiante en architecture dans une école relativement conventionnelle se retrouve permanente sur un projet de réhabilitation ?
Qu’est-ce que la permanence a changé dans sa vision du métier d’architecte pour qu’elle propose de renouveler ensuite l’expérience à Arpajon auprès d’une association qui souhaitait réhabiliter une halle pour en faire un lieu d’échange de savoirs ?
Après ces deux expériences, Ariane Cohin créé la Facto, une association qui prend au mot les enseignements de la permanence architecturale : décloisonnement des savoirs techniques et intellectuels, chantier ouvert, importance de la matérialité et du faire…

La permanence comme école alternative d'architecture | Entretien avec Chloé Bodart, architecte en permanence
Chloé Bodart est architecte. Elle s’est notamment formée au sein de l’agence Construire, aux côtés de Patrick Bouchain et de Loïc Julienne. Un de ses chantiers formateurs a été, en 2013, le Point Haut à St-Pierre-des-Corps, cet ancien entrepôt le long des voies ferrés reconverti en équipement dédié à la création artistique contemporaine. Permanence d’un architecte sur le site, ouverture du chantier au public, implication des usagerEs, émulation avec les ouvrierEs, ici s’est expérimentée grandeur nature une programmation artistique de chantier. Désormais à la tête de sa propre agence, Compagnie architecture à Bordeaux, aux cotés de Julien Eymard, cette manière expérimentale de faire de l’architecture innerve toute sa pratique. Au point même que le chantier du Point Haut, vieux de près d’une décennie, ricoche sur le dernier projet que l’agence a livré : une école maternelle et primaire à Bruges, près de Bordeaux. La cité de chantier en bois de ce projet a été fabriquée avec le rebut de Point Haut. La boucle pourrait être bouclée, et pourtant il faut encore batailler pour que cette démarche de la permanence architecturale et du chantier ouvert convainquent les commanditaires publics et les entreprises. C’est ce que nous raconte ici Chloé Bodart. Que représente la permanence dans son travail d’architecte ? Peut-on dire qu’elle est, pour celui ou celle qui la pratique, une école alternative d’architecture, une école du terrain ? Comment permet-elle de retourner la commande ? Comment peut-elle s’imposer dans la commande publique ?

Entretien avec trois architectes de l'agence Encore Heureux sur le projet de l'Hôtel Pasteur | Podcast avec Sébastien Eymard, Léa Hobson et Guillaume Join-Trémeur
En 2018, quand l’agence Encore Heureux remporte l’appel d’offre de maîtrise d’œuvre pour la réhabilitation de l’Hôtel Pasteur, trois architectes arrivent sur le projet, aux côtés de la maîtrise d’ouvrage et de la permanence architecturale. Par ordre d’apparition, Sébastien Eymard, directeur associé de l’agence ; Léa Hobson, cheffe de projet ; et Guillaume Join-Trémeur, permanent pour le suivi du chantier et la mise en œuvre du chantier comme acte culturel. Pourquoi Encore Heureux a-t-il répondu à cet appel d’offre ? Comment une agence se positionne-t-elle sur ce projet singulier, en lien avec la maîtrise d’ouvrage, avec une permanence architecturale présente sur place depuis plusieurs années et dans le cadre d’une programmation ouverte, que le chantier en site occupé doit continuer d’accompagner ? Comment, pour des architectes, concevoir des espaces sans destination figée ? Comment s’articulent un chantier classique et les chantiers expérimentaux, d’insertion et de formation qui ont fourmillé à Pasteur ?

« Ouvrir les négociations : des pépites entre les lattes » | La permanence architecturale et la puissance de l'expérimentation par Emmanuelle Guyard et Édith Hallauer
Les disponibles urbains : du glanage au réemploi, de la brindille au gisement, de l’anecdote à la norme, de l’expérience à la loi : entre outils théoriques et récits de projets, nous questionnons à partir de la permanence architecturale de Billom la puissance de l’expérimentation en entremêlant les langues.
GUYARD Emmanuelle et HALLAUER Edith, « Ouvrir les négociations : des pépites entre les lattes », Journées nationales de La Preuve par 7, Gennevilliers, 29 novembre 2019.

Le rôle de l'aménageur dans la permanence architecturale à l'Hôtel Pasteur | Podcast avec Louis-Marie Belliard, Territoires
Louis-Marie Belliard est responsable d’opérations à Territoires, la société d’aménagement de la ville de Rennes et de sa métropole. De 2015 à 2021, il s’occupe du chantier de l’Hôtel Pasteur. Dans cet entretien, il explique le rôle d’un aménageur dans un programme classique et, en contrepoint, la singularité du projet de l’Hôtel Pasteur. Lorsqu’il arrive dans le bâtiment, celui-ci foisonne de vie et expérimente déjà le décloisonnement entre savoirs techniques et savoirs intellectuels. Dès lors, le rôle de l’aménageur n’est pas d’y proposer des solutions mais plutôt, en confiance avec l’architecte, de conduire un chantier qui ne figera aucun des usages du bâtiment. À la fin de l’entretien, Louis-Marie Belliard raconte comment ce projet a transformé la vision qu’il a de son métier et les nouvelles pratiques qu’il met désormais en place dans ses projets.

Une permanence en milieu scolaire | Podcast avec Charlotte Cauwer, « envoyée spécial » au collège de Saint Herblain
Ça doit faire une drôle d’impression de retourner dans son ancien collège aux fins d’écrire la commande d’un nouvel établissement scolaire qui doit le remplacer. C’est ce qui est arrivé à Agathe Chiron, architecte designeuse pour le collège Ernest Renan de Saint Herblain près de Nantes. Avec Pascal Ferren, ils sont assistants à la maîtrise d’ouvrage et maîtrise d'usages pour le conseil départemental de Loire-Atlantique qui a la compétence des collèges. L’appel d’offre qu’ils rédigent impose aux architectes d’être accompagné par un designeur de service, soucieux qu’ils sont de travailler en amont avec les usagerEs, surtout pour des programmes particulièrement contraints comme ceux des établissements scolaires. En juin 2021, le département recrute l’agence K Architectures. Après un premier designeur qui préféra finalement se retirer du projet, c’est Charlotte Cauwer qui rejoint l’aventure pour trois ans. En un an, sa mission de designeuse au sein de la maîtrise d’œuvre a déjà permis de repenser bien des espaces et des usages du futur lycée, le tout pour une participation minime au budget total du projet (0,4% du budget de la maîtrise d’œuvre).
Architecte de formation passée par le collectif PEROU (Pôle d'Exploration des Ressources Urbaines) pour expérimenter, dit-elle, une architecture non conventionnelle et explorer les ressources urbaines dans un souci d’hospitalité, des bidonvilles de Calais à l’accueil des sans-abris dans la capitale, elle a travaillé six ans durant au Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Essonne où elle s’est familiarisée à l’urbanisme transitoire, à tout ce patrimoine contemporain déjà vacant dans lequel elle a pu mettre en place des permanences architecturales aux fins de le réhabiliter. Au collège de Saint Herblain, elle devient « envoyée spécial » selon ses mots, designeuse en permanence, présente plusieurs jours par semaine pour observer les usages, croquer dans son carnet les manières d’habiter ce lieu, sensibiliser la communauté éducative et les collégienNEs au chantier du futur lycée et recueillir auprès d’elles et eux, par mille et une ruses, ce qui en fera un établissement co-construit avec celles et ceux qui y travailleront.

Les résidences d'architectes | Lancement de la publication « Révéler, cultiver, réhabiter - Retour sur une décennie d’architectes en résidence » Territoires pionniers | Maison de l’architecture
En amont de l’écriture ou de la réponse à une commande définie, les permanences peuvent aussi être des modes d’actions privilégiés pour appréhender et comprendre finement un territoire, dans l’épaisseur de sa réalité. Pour cela, elles peuvent prendre des noms et des formes diverses : architecturales, paysagères, territoriales, mais aussi « résidences d’architectes », ou « permanences de recherche », dans la lignée des recherches-actions. À travers ces différents cadres, un même objectif se dessine : celui d’une permanence pour dresser l’état des lieux d’un territoire. L’enjeu réside dans la formulation d’une question concrète ou d’un sujet précis, sur le terrain même où elle est apparue, par l’expérience de ce sujet et l’activation de ses différentes parties prenantes.
Les Résidences d’architectes peuvent être portées par les Maisons de l’Architecture, les CAUE mais aussi les Parcs Naturels Régionaux et autres opérateurs de ce type en phase de diagnostic, pour accompagner les collectivités sur des temps courts à réfléchir in situ et de manière collective, à leur problématiques urbaines ou rurales. De manière opérationnelle, cela peut prendre la forme d’un appel à résidences pour de jeunes architectes, urbaniste et paysagistes, pour des immersions allant de plusieurs semaines à plusieurs mois. La démarche est co-construite en amont avec l’opérateur de la mise en œuvre de la résidence ainsi que la collectivité dans laquelle elle va s’implanter, et d’autres acteurs-ressources du territoire (habitants, associations, services municipaux, institutions associées au projet, services de l’état déconcentrés…). La restitution de la résidence est destinée à transmettre une pensée et un récit commun pour accompagner les territoires et leurs problématiques.
« Véritable "Laboratoire des territoires", la résidence d’architectes ouvre un espace singulier d’échange, de partage et de construction collective autour de professionnels accueillis quelques semaines dans un territoire par sa population, afin d’initier des projets de territoire singuliers et durables. »
La Maison d’architecture de Basse-Normandie | Territoires Pionniers a été un des premiers acteurs à mettre en place des appels d’offres de « Résidences d’architectes », notamment en milieu rural éloigné de ce genre d’ingénierie et d’expertise en local. Certains CAUE ont ensuite développé ce type d’appels d’offres en vue d’accompagner les collectivités en prise avec certaines situations bloquées, ou tout simplement pour déployer des potentialités qu’offre leurs territoires et leurs patrimoines. D’autres types d’acteurs comme les PNR peuvent mettre en place ce type de leviers en amont de toutes commandes, afin d’accompagner les territoires souvent isolés dans leur transformation. Ces typologies de résidences d’architectes n’aboutissent pas toujours à des suites opérationnelles, mais leur développement accru ces dernières années sur tout le territoire et à travers différents cadres institutionnel laisse entrevoir des espoirs en ce sens.

Laboratoire jurisprudence | Jouer de la plasticité du droit de l’immobilier pour ne pas figer les usages par Michèle Raunet, notaire
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Michèle Raunet est notaire, spécialiste du droit de l’immobilier. Histoire de l’évolution du droit de la propriété immobilière, des nouveaux droits acquis grâce à la souplesse et à l’inventivité du Code Civil. Distinction entre le droit positif qui permet d’expérimenter (créer dans le respect de la loi) et le droit technique qui fige (normes techniques à valeur juridique). Importance de la souplesse sur l’évolution des usages mais fermeté sur les critères écologiques pour la durabilité. Ne pas figer les usages dans les documents du droit privé. Des PLU intelligents permettent aussi cette évolutivité en maintenant les garde-fous : le droit public définit le cadre des possibilités du droit privé (ex : le droit privé permet de transformer un immeuble de logements en Airbnb mais le droit public de la Ville de Paris empêche la réversibilité sur les logements, les équipements publics et les commerces en rez-de-chaussée). Il faut associer les gens et les juristes aux projets urbains. Le juriste est là pour créer. Importance de la confiance pour de nouveaux contrats.

Laboratoire jurisprudence | Pour un droit administratif des biens communs par Olivier Jaspart, juriste en collectivité territoriale
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Olivier Jaspart est juriste en collectivité territoriale et promeut le droit administratif des biens communs (art. 714 Code Civil). Histoire de la notion de biens communs. Distinction entre biens communs (passifs mais instaurant une communauté d’usage) et le commun (cette communauté d’usage qui préserve les biens communs). Distinction entre commun administratif (où l’administration publique gère un commun mais définition de plus en plus resserrée) et commun (démocratie participative à Grenoble ; collectif d’habitants à Strasbourg...). C’est l’usage de la chose essentielle à la collectivité qui fait qu’elle est d’utilité publique (et pas d’intérêt général) et soumise au droit public. Premier obstacle : l’usager du service public est vu comme passif et ne participe pas à la création des règles du service. Un commun administratif induit la co-décision, que l’usager participe à la préservation de la chose commune et définit les règles de destination de la chose. Face aux contentieux quotidiens, le droit administratif est expérimental, grâce au trio État-juge-commune. Quel commun ? Quelle communauté ? Que peut-elle faire ?

La permanence comme expérimentation du réemploi | Podcast avec Sonia Vu, architecte
Sonia Vu est architecte. Elle raconte ses expérience en permanence architecturale (Venise, Le Manable à Argentan) qui ouvrent les perspectives et proposent une méthode pour l’expérimentation (études, chantier, réemploi...). Son témoignage insiste particulièrement sur la question du réemploi. Par exemple, sur le chantier du WIP a été expérimentée la première porte coupe-feu en réemploi. La jurisprudence s’immisce dans les brèches et les failles. La prise de risque n’est jamais inconsciente mais toujours responsable. La permanence nécessite un mélange de naïveté et de compétences. Il faut accepter de ne pas savoir, s’autoriser un droit à l’erreur que l’on rattrape ensuite. Quelque chose qui n’a pas fonctionné permet de tester d’autres choses, transformant ainsi la vision habituelle de « l’échec ». « Il faut être audacieux dès le début, puisqu’on perdra toujours un peu au fil du projet ». La norme a cependant un grand intérêt : « beaucoup de choses ont été poussées sur le béton donc on peut faire beaucoup mais on manque de normes sur la construction en bois, on rentre donc moins dans un cas et on peut moins faire ». La jurisprudence comme étude et travail de preuve par l’essai fait évoluer la norme et permet de renforcer de nouveaux projets ensuite. Le récit est la meilleure boîte à outils pour partager ces expériences.

Laboratoire jurisprudence | Expérimenter pour faire jurisprudence à petits pas par Patrick Bouchain, architecte et fondateur de la Preuve par 7
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Patrick Bouchain est architecte et co-fondateur de la Preuve par 7. L’expérimentation et la programmation ouverte dans l’architecture comme dans la vie. « Dès qu’on fait quelque chose, on influe sur la chose à venir » : c’est l’incrémentalisme et la jurisprudence.

Laboratoire jurisprudence | Valoriser l’expérimentation dans le droit foncier par Marc Ganilsy, avocat
Les projets que nous documentons font jurisprudence : leurs acteurs ont profité de la plasticité du droit et de son pouvoir d’imagination pour dénouer des situations en inventant, chemin faisant, des dispositifs singuliers qui peuvent essaimer. Dès lors, nous avons voulu approfondir ce que veut dire « faire jurisprudence » en invitant des praticiens du droit et de l’architecture à réfléchir au rôle du droit pour penser et faire la ville autrement.
Marc Ganilsy est avocat. Une définition de la jurisprudence comme convergence des décisions et des usages éprouvés. Les initiatives privées peuvent faire changer les normes. Réflexion sur le foncier public et l’intérêt général. « Il faut passer par la légitimité des actions pour aboutir à une loi ». Le droit d’expérimenter dans la Constitution. Réflexion sur l’expertise citoyenne, sur les servitudes et les communs. Valorisation de l’expérimentation, liée à l’évaluation par la documentation.