
Zarboutans passeurs de mémoire
By Zarboutans passeurs de mémoire

Zarboutans passeurs de mémoireDec 11, 2021

Zarboutan 015 Jean-Claude Viadère
Jean-Claude Viadère, dit Dada, est né à Madagascar et il a 72 ans (2023). Il est arrivé à la Réunion étant encore enfant.
Vous êtes sans doute nombreux à avoir déjà fredonné l’une ses chansons. Peut-être est-ce celle reprise par Soan à The Voice: «La pli y vé tombé».
Il nous en apprend énormément sur le maloya et nous livre de nombreuses anecdotes et tout particulièrement une, très intrigante, sur l’un de ses morceaux les plus médiatisés.
Avec ceux de sa génération il dit être l’un des porteurs du patrimoine dans ce domaine mais estime ne pas avoir de reconnaissance. Il déplore également ce qu’est devenu le maloya de nos jours.
Un très riche entretien et un extrait de «La pli y vé tombé» à écouter Notre site web:
https://zarboutanspasseursdememoire.re/zarboutan-015-jean-claude-viadere/

Le projet: Zarboutans Passeurs de Mémoire
Ce projet, Zarboutans passeurs de mémoire, découle d’un constat. En effet, nous sommes nombreux à entendre très régulièrement, si ce n’est chaque jour, que «c’était mieux avant ! » Peut-être même faisons-nous partie de ceux qui le disent ?
Ce constat nous a amené à nous poser plusieurs questions:
- Cet «avant» souvent fantasmé, de quoi était-il fait ?
- Pourquoi n’est-il plus ?
- Souhaitons-nous y revenir ?
- Et, si la réponse est oui, que voulons-nous en garder et de quelle manière ?
Se pose là, peut-être, en partie, la question de l’identité réunionnaise…
Un bien vaste chantier…
Aussi, ce projet se concentrera, pour l’instant, sur la première question uniquement.
Pour tenter d‘y répondre, l’un des moyens qui nous est apparu comme le plus évident et le plus intéressant était d’aller à la rencontre de ceux qui ont vécu en ces temps révolus et qui continuent parfois à perpétuer des traditions aujourd’hui menacées. Ils seront sans doute les plus à même de nous raconter, de nous expliquer, voire de nous montrer de quoi était constitué cette vie d’avant.
Ce projet, dans sa phase actuelle, s’est donc donné pour objectif la captation et la transmission de témoignages de zarboutans réunionnais.
A l’aide de divers médiums, la voix principalement, mais aussi, accessoirement, la photographie, la vidéo ou encore l’écriture, nous tenterons de transmettre quelques traits caractéristiques de la vie réunionnaise d’avant dans les domaines que nos interlocuteurs ont bien voulu évoqués.
Nous faisons le souhait que ce projet puisse perdurer, s’étoffer et évoluer car il s’intéresse de près au travail de la transmission culturelle et que ce dernier est pour la société réunionnaise, aussi vital que titanesque.

Qu’est-ce qu’un zarboutan ?
En architecture, un arc-boutant est une pièce très importante garantissant la solidité d’une construction.
Sur l’ile, ce terme est utilisé pour certaines pièces qui servent de soutien dans les cases créoles en bois.
Depuis peu, ce mot, prononcé «zarboutan», est utilisé pour définir une personne.
On peut donc poser l'hypothèse que le zarboutan est une personne qui sert de soutien et garantit la solidité d’un groupe social donné.
Nous avons posé la question de sa définition à celles et ceux que nous avons interrogés.
Nous avons également été attentifs à l’emploi de ce mot dans les témoignages reçus pour mieux en comprendre le sens.
Le zarboutan est perçu, parfois, comme étant le pilier d’une famille,
mais, le plus souvent, il est considéré comme celui qui transmet un savoir dans un domaine précis (exemple: un zarboutan du maloya)
Le zarboutan serait donc, avant tout, une personne permettant la transmission d’une partie d’une culture d’une génération aux générations suivantes.
Comment imaginer que la culture réunionnaise puisse se passer de zarboutan ?
Il nous faut des zarboutans pour chacun des domaines de notre culture:
la langue de tous les jours
la littérature,
l’histoire,
les diverses pratiques religieuses,
les musiques,
les danses,
la cuisine,
l’architecture,
la connaissances des tisanes,
l’agriculture
et de tout ce qui fait de la culture de la Réunion… une culture unique.
Plus d'infos ici

Zarboutan 014 - Hoareau Marthe Renée
Madame Hoareau Marthe Renée est née à Saint-Denis le 20 décembre 1940. Issue d'une fratrie de 10 enfants, elle a grandi à La Marine à Saint-Suzanne et vit toujours dans cette commune. Jeunes, sa soeur et elle aidaient leur père à ramasser et charger les cannes, ramasser et transporter du bois de chauffage pour la cuisine et du bois de gaulette. Des travaux harassants qui l'ont marquée. Elle nous raconte la dure vie durant sa jeunesse. Son souhait actuel est d'apprendre à tricoter pour faire passer le temps. On lance donc un appel...
retrouvez les photos de nos zarboutans "gramounes"

Zarboutan 013 - René Paul Elleliara
René Paul Elleliara a 73 ans. Il est né le 6 aout 1950 et a grandi en ville de Saint-Pierre, à proximité des « Établissements Isautier ». Il a commencé, comme beaucoup d’autres à cette époque, à pratiquer le maloya avec les moyens du bord, en se servant des « ferblan», des arrosoirs, et même des marmites ou des feuilles de tôle, comme instruments. Cette musique c’est sa passion, une passion qui se pratiquait alors simplement, sans podium et sans matériel de sonorisation. Il a eu la chance de travailler en tant qu’animateur culturel dans son domaine de prédilection. Il évoquera également avec nous les grands noms du maloya qui ont été ses zarboutans.

Zarboutan 012 - Alaguiry Ivrin
Ivrin Alaguiry a fêté ses 75 ans le 11 janvier 1946 . Il est né, a grandi, a travaillé et habite toujours à La Mare à Sainte-Marie. C’est un homme très attaché à son lieu de vie car son grand père, venu d’Inde, s’est installé à La Mare à son arrivée et a travaillé à l’ancienne usine, aujourd’hui fermée. C’est le chemin qu’a également suivi M. Alaguiry qui a, lui aussi, au cours de sa vie, travaillé à l’usine puis à la pépinière de la Mare. Aujourd’hui à la retraite, il essaie de perpétuer les traditions héritées de ses ancêtres au plus près des pratiques d’antan. Il nous parlera notamment du moringue et de ses séjours en Inde où se trouvent ses racines.

Zarboutan 011 - Jacqueline Técher
Qui ne connait pas Jacqueline Técher, présidente de l'association les Conflores dans le quartier de Prima? Jacqueline est une animatrice diplômée Arts et traditions, elle aime le jardinage et transmettre son savoir faire du dressage du Vacoa. D’ailleurs, elle est à l'initiative du jardin partagé de son quartier et elle en est actuellement la responsable. Âgée de 68 ans, elle est née à Saint-Denis, le 01 octobre 1953. Elle se souvient du cyclone Jenny en 1962, son père était intendant chez Maurice Tomi (les premières maisons Bourbon Bois), elle a connu Alain Péters... Elle vous raconte tout cela dans ce podcast.

Zarboutan 010 – Ti Milo
Maximin Manent dit Ti Milo est né le 06 juin 1946. Il a 75 ans. Il a vu le jour à Bois de Nèfle Saint Louis, à proximité de l’usine du Gol. Il est marié à Charlotte Oulama, ils ont eu huit enfants: trois filles et cinq garçons. Il a travaillé dans les champs de cannes à sucre dès l’âge de 12-13 ans. Le samedi en fin de journée jusqu’à tard dans la nuit, il travaillait également à l’usine sucrière où il s’occupait du nettoyage de certaines machines. M. Manent s’est toujours intéressé au maloya, il chantait dans les champs durant le travail, cela permettait, nous dit-il, de se distraire et de se sentir moins fatigué. Il est connu comme « Lo rwa kabaré » à Saint-Louis. Il nous fait part également de l’hommage qu’il rend à ses « gramoun » (parents et ancêtres) lors des cérémonies familiales.

Zarboutan 009 – Eliard Ranggeh
Eliard Ranggeh à 66 ans. Il est né le 18 février 1955 à Saint-Louis et y réside toujours. Ancien videur de boite de nuit puis employé communal, il s’estime être l’un des derniers zarboutans du service kabaré traditionnel de la commune. Il le pratique depuis bientôt 50 ans et nous explique ses règles et ses subtilités. Il a joué avec le groupe Lindigo et Héritaz Maloya. Il regrette que le maloya d’aujourd’hui s’éloigne de ses racines. En parlant des zarboutans du maloya il nous dit : « kan lé vivan, zot fé pa un kont avek, kan li mor, la, zot fé tout zafer, vo pa la pinn…» Ça c’est dit.
Pour écouter ce zarboutan du maloya et un extrait « sanmizik »,

Zarboutan 008 – Léocadie Ghislaine
Ghislaine Léocadie (Fontaine de son nom de jeune fille) est née le 17 avril 1922. Mariée à 19 ans, elle a eu 12 enfants. Originaire de La Rivière Saint-Louis, elle y habite toujours presqu’un siècle après. Cela ne l’a pas empêchée de visiter l’ile, elle se souvient notamment d’être aller à Cilaos ou encore à Salazie. Ancienne planteuse de cannes à sucre, elle regrette la vie d’avant et nous donne quelques secrets de longévité: boire à température ambiante et consommer un oeuf cru chaque matin. Dans sa jeunesse, Ghislaine Léocadie brodait également, selon la technique dite « de jours », comme à Cilaos, nous confirme-t-elle.
Avant la mise en ligne de son interview, madame Léocadie est malheureusement décédée.

Zarboutan 007 – Max Louis Plante
Max Louis PLANTE a 77 ans. Originaire de Saint-André, ancien planteur, élagueur et coupeur de canne, il a toujours été attaché à la terre. Une fois à la retraite, il monte très régulièrement, quasiment chaque jour, se balader dans la forêt de Dioré, dans les hauts de Saint-André. Nombreux sont celles et ceux qui le connaissent pour l’avoir croiser et échanger avec lui dans les sentiers de ce secteur classé Espace Naturel Sensible (ENS). Il se rappelle du temps où les déplacements se faisaient essentiellement à pied, à défaut d’autres moyens de locomotion. Monsieur Plante regrette, à cause des ses soucis de santé, de ne plus pouvoir parcourir ses sentiers favoris et aller à la rencontre des randonneurs.
Bonne écoute à vous.

Zarboutan 006 – Jeanne Damour – Testan
Jeanne Damour, demoiselle Testan, a 101 ans. Elle est née le 1er novembre 1920 à la Grande Montée chemin Bec Rose à Sainte-Suzanne. Elle habite toujours dans cette ville de cœur. De ramasseuse de canne et de maïs à cantinière, elle est aujourd’hui à la retraite … Elle a connu le ti train longtemps, elle le prenait jusqu’à Saint-Denis et montait à pied jusqu’à l’hôpital pour voir ses enfants malades… Comme passe temps, elle tricote fait des vêtements pour ses petits enfants. Une mémoire…
Bonne écoute à vous.

Zarboutan 005 – Antoine Calimoutou
Antoine Calimoutou est né le 3 mai 1943, il a 78 ans. Il est natif de Sainte-Suzanne et il y vit toujours. il a commencé à travailler à l’âge de 14 ans en temps que journalier agricole dann kartié Trois Frères, l’un des hauts-lieux du maloya . Il regrette la vie lontan malgré sa dureté … Très attaché à sa commune, il dit que la rivière Sainte-Suzanne était comme une maman pour lui. Il nous dit : « ça té soigne a nous ça« car cette rivière, à cette époque, foisonnait de poissons, d’anguilles, de bichiques…

Zarboutan 004 - Folio Solange
Madame Solange Folio, est une figure incontournable de Hell-Bourg à Salazie. Originaire de Saint-Joseph où elle a vécu jusqu’à la vingtaine, elle se marie et quitte rapidement l’ile. Elle séjourne alors avec son époux, à Madagascar, en France hexagonale et en Afrique. De retour à la Réunion dans les années 60, elle y enseigne en tant qu’institutrice. Une dizaine d’années plus tard, le couple et leurs deux enfants s’établissent, d’abord lors de la période chaude puis définitivement, à Hell-Bourg. Elle nous raconte la maison Folio où elle vit encore actuellement, mais aussi Hell-Bourg d’il y a plus de 2 siècles à aujourd’hui.

Zarboutan 003 - Jalma Christian
L' interview étonnante d'un personnage qui sort de l'ordinaire.
Christian Jalma, dit Pink Floyd ou Floyd Dog est né en 1961 à Saint-Denis. C'est un artiste, un humain hors du commun: la poésie, la musique, le théâtre, la photographie, la vidéo ou encore l’écriture ne sont que quelques-unes des cordes à son arc. La pluralité de sa démarche fait de lui un artiste singulier, un être inclassable, unique, comme chacun d’entre nous, certes, mais plus unique encore, plus unique que quiconque comme aurait pu le dire Coluche. L'univers de cet amoureux des mots ne peut être uniquement écrit, il se doit d’être raconté, voire conté. Le mieux est de l’écouter, et cela, d’autant plus qu’il nous parlera de sa définition de ce qu’est un zarboutan.
Bonne écoute à vous.

Zarboutan 002 – Rita Hoareau
Rita Hoareau est née le 3 décembre 1943. Elle habite à Salazie, dans un ilet accessible uniquement à pied. Elle nous raconte sa vie quand elle était jeune, une vie dure mais qu’elle préfère à celle de maintenant. Ayant longtemps travaillé sur la côte, la retraite a été l’occasion pour elle de regagner plus souvent la tranquillité des hauts. Au pied du rempart, sa petite maison et son magnifique jardin créole, qu’elle entretient avec passion chaque jour, est un vrai havre de paix. A 77 ans, elle parcourt toujours, à vive allure, les sentiers aux alentours pour rendre visite à la famille. Elle fait même ses courses à la boutique au centre du village et les ramène en parcourant les sentiers. Un portrait attachant.

Zarboutan 001 – George Lafable de Salazie
La case Tonton sur la route menant à Hellbourg à Salazie est un authentique petit coin de paradis. Vous y rencontrerez Georges Lafable dit « tonton ». Ce travailleur infatigable âgé de 83 ans est né le 19 octobre 1938. Il a été employé à l’ONF, coupeur de cannes, docker durant 14 ans mais Georges a toujours été un planteur passionné et il récolte aujourd’hui, au sens propre comme au sens figuré, les fruits de ce qu’il a semé pour son plus grand plaisir mais aussi le vôtre car on peut retrouver ses produits, en vente, dans son abri de fortune en bord de route.